L’empathie à l’épreuve dans les arts et les littératures de langue française

Le volume collectif réunit 24 contributions sélectionnées de la conférence internationale Empathie organisée à Szeged du 24 au 26 novembre 2023. Les écrits des intervenants venus de 9 pays (Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Italie, Allemagne, Luxembourg, France, Espagne, Canada) explorent, dans le contexte des littératures et des arts de langue française, les prémisses philosophiques et théoriques de la recherche sur l'empathie liée au tournant affectif et éthique (Alexandre Gefen), en s'appuyant sur les travaux de Husserl, Robert Vischer, Theodor Lipps. Ils abordent l'ancrage contemporain du concept d'empathie dans les sphères philosophiques et éthiques, et soulignent la pertinence de son étude dans la littérature et les arts, en partant des notions d'empathie narrative (Suzanne Keen), d'autotéorie (Lauren Fournier), et d'empathie représentée et suscitée, dans l'espoir que l'analyse des œuvres mette en lumière les outils poétiques (narration, style) susceptibles de porter l'empathie dans les textes littéraires (plusieurs études soulignent ici le rôle de la parole indirecte dans ce processus).

Les contributions mettent en évidence que l'examen de l'empathie et de toutes les notions relationnelles associées – par exemple la philosophie pragmatiste (Ch. S. Peirce, J. Dewey, W. James), l'attention (Yves Citton, Natalie Depraz), ou le concept de milieu (Deleuze-Guattari, Bruno Latour, Tim Ingold) – permet une meilleure compréhension épistémologique de notre monde contemporain et de sa crise systémique, en l'occurrence l'Anthropocène, en exposant les modes d'existence émergeants détectés à travers l'empathie, c'est-à-dire par un déplacement conceptuel difficile. Le recueil offre une vision précise et sensible de la créativité et de l'efficacité de ce concept nomade, traversant plusieurs disciplines, en rendant manifeste le tournant pragmatiste (orienté vers l'accueil) des arts contemporains et de la littérature, un tournant initié par les sciences cognitives. Il présente une matière importante d'ordre littéraire (francophone française, canadienne, africaine), artistique (arts plastiques, design, cinéma, théâtre, novellisation), philosophique (E. Husserl, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Étienne Souriau), éthique (Stanley Cavell, Martha C. Nussbaum, Carol Gilligan, Sandra Laugier), et théorique (études littéraires et neuropsychologie) (Alain Berthoz, Jean Decety, Alexandre Gefen, Suzanne Keen, Françoise Lavocat, Jean-Marie Schaeffer), en abordant de manière synthétique le rôle médiateur de l'empathie, en étudiant ses principes de fonctionnement et en identifiant ses limites dans les matériaux littéraires et intermédiaux souvent marginaux, dans le but d'intégrer ces textes, au travers de leur analyse, comme partie constructive de l'espace social. Dans cette perspective, la littérature et les arts ont un pouvoir créateur de réalité.

Après l'Intorduction, les études sont présentées en quatre chapitres, selon des découpages thématiques, conceptuels et disciplinaires caractéristiques:

Empathie et éthique du care. Enjeux théoriques ; Empathie, intermédialité et arts visuels ; L’imaginaire linguistique, les limites et les troubles de l’empathie ; Approches narratives de l’empathie dans les littératures de langue française.

Le dernier chapitre du recueil publie quelques poèmes et œuvres visuelles du jeune poète français Simon-Gabriel Bonnot, invité à la conférence.

Le recueil inclut les données bio-bibliographiques des auteurs.